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Photo du rédacteurPédago Monkey de MOOCOOC

Engager ses apprenants ... même à distance!




L’engagement des apprenants en formation est une notion majeure dans notre domaine. Sa question se pose notamment pour le format présentiel dans lequel le formateur est aux commandes de son cours et jongle entre méthodes pédagogiques définies à l’avance et improvisation pour répondre aux réactions de son auditoire. Mais elle se pose maintenant encore plus pour le format distanciel où cette fois-ci le formateur a créé un parcours à l’avance pour ses apprenants et n’a plus la possibilité de piloter à vue, au cours de la session, ce qui l’oblige à prévoir le déploiement de grands moyens pour assurer l’engagement des participants.

Quels sont ces moyens ? Comment obtenir l’engagement des apprenants en formation, de manière générale, et a fortiori en distanciel ?


Avec Christopher DREAN-MORETTI, ingénieur pédagogique à Paris et co-fondateur de DNL DIGITAL, qui propose ses conseils aux formateurs ainsi que l’édition de contenus sur-mesure et avec votre serviteur, Macha BURKHALTER, spécialiste de la pédagogie et de l'andragogie depuis plus de 20 ans en Suisse et co-fondatrice de MOOCOOC (agence de digitalisation de formation sur-mesure pour des organismes de formation par des parcours didactiques innovants et sur-mesure), nous avons décidé d’apporter quelques éléments de réponses à 5 questions sur ce vaste sujet et développons chacun notre point de vue, en distinguant la formation de manière générale (par Christopher) et la formation à distance (par Macha).



1. Comment rendre ses formations engageantes ?

Christopher : En formation, de manière générale, l’une des principales clés pour maintenir l’engagement de l’apprenant est de le rendre actif. Le formateur peut alors laisser une part de liberté à l’apprenant qui découvrira en autonomie le sujet du cours, conduira ses propres recherches, se construira les connaissances correspondantes, les convertira en savoir-faire notamment puis s’appropriera finalement et définitivement le sujet. Cette méthode lui apprendra aussi à maintenir ses connaissances et ses compétences à jour continuellement et de manière efficace.

Au cours de cette étape, le formateur reste présent pour guider l’apprenant dans ce travail puis il reprend les rênes de l’apprentissage pour la suite de la formation, par exemple pour l’application des savoir-faire nouvellement acquis. Ce système qui se rapproche de la classe inversée est, selon moi, le moyen qui domine la hiérarchie des formats permettant de placer l’apprenant au centre de son apprentissage.

Une autre solution peut être de l’amener à travailler en collaboration avec d’autres apprenants, à travers des projets ou des ateliers. C’est là un excellent moyen d’entrainer les apprenants à travailler dans des conditions très proches de celles qu’ils rencontreront en entreprise. L’exercice est même propice à l’échec, qui sera perçu comme partie intégrante de l’apprentissage et qui permettra de l’éviter en situation réelle.

Mettre l’apprenant au centre de son apprentissage c’est aussi le faire se sentir utile et reconnu. Tout le monde aime être écouté, que son avis soit entendu, et rien n’est plus démotivant que de se sentir comme une fourmi au milieu d’une immense machine réglée pour former des apprenants à la chaîne. Un apprenant qui se sent écouté, c’est un apprenant plus motivé, plus engagé et qui a plus confiance en lui. Cela passe aussi bien par les méthodes d’apprentissage employées pendant la formation que par les retours que font les apprenants au formateur pendant et à la fin d’une session. Voilà une constante qu’il est important de garder en mémoire lorsqu’on est formateur, en présentiel et autant que possible en distanciel.

Macha : C’est une des grandes questions qui revient régulièrement. Ce n’est pas parce que vous êtes incollable dans un domaine, que vous saurez transmettre votre passion et votre expertise. Former est un métier.

Donc si j’ai un conseil ce serait d’abord de s’entourer de professionnels … de la formation digitale ! Pédagogues/andragogues et ingénieurs pédagogiques, mais aussi graphiste , illustrateur, animateur, vidéaste (ou interactive media designer), voir une petite incursion dans le monde de la scénarisation quand vous souhaitez créer le côté digital de vos formations, afin de donner ce petit plus qui la rendra comestible et digeste.

Un exemple qui va parler à tous : rappelez-vous de la façon dont vous avez appris vos livrets à l’école… En les serinant ou en les jouant sur les petits jeux et chanson que votre enseignante avait préparés ? Et d’après vous quel est le chemin le plus rapide pour les retenir? Eh bien voilà, la pédagogie/andragogie, c’est aussi simple et complexe que cela à la fois.

Le 2ème conseil, ce serait de mettre vos apprenants au centre de leurs apprentissages. On n’en parle quasiment jamais, néanmoins c’est aussi une question essentielle. Pourtant peu de formateurs l’intègrent dans leurs formations.

Ainsi, si nous nous mettions un tant soit peu à la place de nos apprenants, nous remarquerions que nos formations manquent parfois de sel, sont trop longues ou tout simplement ennuyeuses.

Prendre en compte l’âge et les compétences (digitales) de vos formés est un bon début mais ne suffit pas. Quels sont les obstacles et écueils qui entravent l’apprentissage ? Les transports et le fait d’avoir un calendrier fixe ? (parents, personnes avec de nombreuses responsabilités ?) La solution paraît simple, passer au digital. Encore faut-il rendre ses formations ergonomiques du point de vue de l’utilisateur. Celles-ci de par leurs formes doivent être suffisamment explicite (UX) pour que votre apprenant accède à tout facilement et sans se poser de question.

Varier les plaisirs et les modalités, mais veillez à adapter en ce cas vos contenus et la façon de les aborder. Une présentation avec de la voix soutenue par un slide show (animé ou non), nécessitera peu de texte au visuel (quelques mots tout au plus). Vous pourriez même pour les moments phares de votre formation passer aux vidéos explainers. Une autre astuce pour faciliter la fluidité lorsqu’il y a beaucoup de contenus textuels est de basculer sur une formation de type mini site où l’écrit est encapsulé, telle une commode à tiroirs.

Le 3ème conseil, rendre actifs vos apprenants. Ainsi, même si l’objet de votre cours pourrait paraître rébarbatif d’un premier abord, ces derniers vont devoir activer une zone du cerveau bien spécifique, leur permettant de se mettre dans l’acte d’apprendre.

Bien évidemment, je ne parle pas là juste du clic, mais de les rendre acteur de leurs apprentissages. Une navigation fluide de type mini site qui permet de le laisser décider seul de ce qu’il souhaite voir en premier, des activités de recherches et de partages collaboratifs, des histoires dont ils sont les héros et dont leurs actions vont leur permettre d’apprendre par itération (essais-erreurs), des escape game, des serious game…

L’immersive learning ou VR en est un parfait exemple. A MOOCOOC, nous parsemons toujours nos formations de mini jeux vidéos afin de garder l’intérêt et de permettre l’ancrage par l’entraînement et la mise en pratique.

Mais penser à mettre vos apprenants au cœur des apprentissages, c’est également les responsabiliser dans leur cheminement des acquisitions et de la mobilisation des connaissances/compétences. Il faut sortir pour cela du prémâcher des quizz et autres formations à questions fermées. Vous pouvez très bien valider des gestes métiers (donc de la pratique sur le terrain) par exemple via du vidéo feedback où les annotations peuvent se faire selon une grille de lecture pré-établie par le formateur. Il existe de parfait logiciel pour cela vous permettant d'indiquer à l’instant T les points d’amélioration. Mieux encore, vous pouvez enrichir votre cours par la correction par les pairs afin que ceux-ci également deviennent actifs et partagent leur point de vue, puis de débriefer avec eux en blended. Bref faire de l’apprenant, non plus un réceptacle de la formation mais un acteur lui-même de celle-ci dans un nouveau type d’entreprise apprenante, où vos collaborateurs pourront devenir également experts et guide.

Un dernier conseil est non des moindres est celui du sens ! (Je vous mets ici en lien l'excellent webinaire du Professeur Steve Masson de l'université du Québec à Montréal sur le cerveau et les mécanismes de la motivation).

Pourquoi vos apprenants vont-ils devoir passer du temps sur leurs chaises à travailler sur votre (hum...leur!) formation ?

Si vous me répondez parce qu’ils le doivent ou que c’est bon pour leur avancement…. Sortez d’ici, car vous n’avez rien compris !

Quand on se forme, on demande à notre cerveau de consommer une grande quantité d’énergie. Pour que ce dernier soit d’accord d’effectuer cette dépense, il faut que le jeu en vaille la chandelle ou du moins qu’il soit perçu comme tel. Donc donner du sens à votre formation, c’est répondre à la question existentielle de votre apprenant. Son Pourquoi? C’est le même fameux « pourquoi » de Simon Sinek qui est utilisé en marketing et qui devrait à mon sens être aussi un questionnement que devrait se poser tout pédagogue et andragogue. Pourquoi est-il vital pour votre formé de suivre cette formation? Voilà la question à laquelle vous allez devoir tenter de répondre pour lui et/ou avec lui.

La réponse sera peut-être de sauver des vies si ce dernier est médecin, pour d’autre ce sera éventuellement de devenir quelqu’un de meilleur si c’est un repris de justice en quête de rédemption, etc… Bref de lui montrer que votre formation va lui apporter un réel plus, lui changer sa vie ou lui permettre d’atteindre ses buts.

Se faisant, vous lui permettrez d’alimenter son moteur interne directement à Sa source de Motivation Première, car vous parlez à son subconscient et à ses besoins premiers de sécurité, d’accomplissement, etc. (voir la fameuse pyramide des besoins de Maslow)

2. Comment donner un maximum de rythme à un cours ?

Christopher : Le rythme donné à un cours joue aussi un rôle majeur dans son efficacité quant à l’engagement des apprenants. C’est le rythme qui est donné par un intervenant qui permettra en premier lieu de maintenir l’attention de son auditoire.

Lors d’une présentation orale, quelle qu’elle soit, la façon de s’exprimer présence déjà une grande importance : on accentuera certains mots avec une intonation différente, pour donner plus de relief à notre contenu et pour éveiller notre public. On pourra jouer sur les silences pour laisser le temps aux apprenants d’enregistrer les informations mais aussi pour structurer notre discours et montrer inconsciemment qu’on le maitrise. Enfin, un discours qui maintient l’engagement des apprenants c’est aussi un discours truffé de mots clés qui marqueront les esprits et rendront le contenu plus clair et plus digeste.

Concernant le fond du contenu, les points les plus complexes doivent s’entremêler avec ceux les plus simples. Tout est une question de bon sens, on cherchera toujours à ne pas saturer le cerveau de nos apprenants et à ne pas le fatiguer rapidement.

Pour rythmer le cours, un maximum d’activités différentes doit figurer dans le plan de la session : diaporama, quiz, vidéos, etc. En distanciel, leur dissémination est encore plus indispensable. Plus ces activités sont variées et diversifiées, plus la session sera rythmée et susceptible de combler les attentes des participants. On veillera évidemment à ce que les méthodes pédagogiques s’alternent de manière judicieuse et particulièrement lorsqu’elles comprennent des parties théoriques et pratiques.

Il est une chose qui existe surtout en format synchrone : c’est le fait qu’il existe des moments plus ou moins adaptés au contenu à aborder ou aux méthodes à employer. Par exemple : en début de session (entre 9h et 10h) et après le déjeuner (entre 14h et 15h), les apprenants, tout humains qu’ils sont, sont toujours en-dessous de leurs capacités d’attention. Il peut alors être opportun de les faire travailler activement sur des ateliers pratiques. Personnellement, c’est plutôt sur ces plages horaires que j’introduis des apprentissages ludiques, où ils apprennent en s’amusant. Quoi qu’il en soit, on évitera les cours magistraux sur des sujets complexes lors de ces moments-là.

Il ne faut pas non plus sous-estimer le pouvoir des pauses régulières, même fréquentes et courtes. Il est préférable, et toutes les études le montrent, d’avoir recours à des activités d’apprentissages courtes et segmentées. En distanciel, il est tout bonnement impératif de découper au maximum son cours, mais en présentiel aussi c’est important d’imposer des temps de pauses mêmes très courts, même 2 minutes, toutes les 15-20 minutes. Profitez-en par exemple pour laisser les apprenants échanger entre eux au sujet des thèmes de la session.

Dans tous les cas, pour rythmer son cours de manière idéale, je conseille toujours de le préparer en amont avec une planification établie mais permettant tout de même une marge d’improvisation, pour vous permettre de cocher toutes les cases que nous venons de lister.

Macha : Si vous vous posez la question du rythme, c’est que déjà, on est sur la bonne voie. En distanciel, la notion du temps est perçue différemment.

C’est une notion qui peut être soumise à des résultats différents selon les individus et selon l’intérêt porté (engouement, passion, ou indifférence).

Déjà arrêtons de croire que nous faisons du digital learning en demandant à nos apprenants de suivre les mêmes règles qu’en présentiel. Non, non et non! Vous avez beau nous être sympathique, vous voir sur Zoom, Teams, etc…mal éclairé, avec un flip chart illisible parce qu’à contre-jour, trop loin, avec votre écriture indéchiffrable, et votre micro éteint, le tout sur un écran de 13 pouces ou un smartphone, n’a jamais fait rêvé personne. Alors de grâce quittez vos habitudes du présentiel et utilisez vos nouveaux outils pour ce qu’ils offrent de meilleur !

L’avantage du e-learning c’est qu’il peut être asynchrone. Donc votre apprenant peut faire sa pause quand il le souhaite et rester éveillé et actif pour sa formation. Si votre apprenant est plus confortable pour vous écouter en pantoufles avec son café du matin pendant que ses enfants dorment encore et bien il a ses raisons et c’est à vous de vous vous adapter. Donc à proscrire les sempiternelles Zoom party de 4 heures où vous demandez à vos apprenants d’allumer la caméra tous en même temps pour que vous puissiez…quoi au juste ? reproduire le présentiel ? vérifier que vos apprenants suivent ? Bref vous réconfortez en ayant un public?…. Rappelez-vous du point n°1, on met nos apprenants au centre de leurs apprentissages, soit dans la responsabilisation et dans le confort, tant pis si ces derniers n’allument pas leur caméra, tant pis si vous devez transformer votre formation en la digitalisant, parce que vous n’avez pas atteint vos objectifs en terme d’engagement. Ne soyez pas amoureux de vos formations et de leurs contenus ou de votre rôle de formateur car vous risqueriez de vous figez dans une posture, tombez plutôt amoureux de vos apprenants et suivez-les.

Vous avez toujours le blended learning (qui est un mix du présentiel et du distanciel) et qui offre à mon sens le meilleur des deux mondes. En effet certains formateurs basculent en classe inversée et proposent de faire découvrir aux apprenants la matière en distanciel (e-learning) avant de l’approfondir ensuite ensemble.

Une tendance également a vu le jour est celle du micro learning. De toutes petites capsules de formation, finissant par un mini quizz bien souvent. Rien ne sert de faire court si c’est pour rester dans l’insipide et l’ennuyeux. Découpez déjà cette dernière en portion raisonnable 5-7 min grand maximum et surtout gamifiez. Vous pouvez rythmer ces moments en les faisant devenir ludiques (jeux) (cerveau en activité) et d’autres où le cerveau pourra légèrement se désenclencher (exemple vidéo) avant de ré-embrancher sur une nouvelle thématique avec du collaboratif par exemple. Une activité de longue durée et soutenue est trop demandeuse en énergie pour nos pauvres têtes d’humain. Rappelez-vous l’attention effective d’un individu n’est que de 20 minutes grand maximum !

3. Comment créer des supports de présentation efficaces ?

Christopher : Les supports que le formateur utilise pour animer son cours doivent être travaillés en amont en y consacrant tout le temps nécessaire. L’objectif est de guider leur attention, en y faisant apparaitre que le nécessaire, uniquement les éléments les plus importants et pas tous sur les mêmes pages. Si l’on utilise un diaporama type PowerPoint, il faut bien retenir qu’il ne sert qu’à renforcer ce qui est dit à l’oral et qu’on pourra y afficher les mots clés, mais pas plus.

C’est le moment de faire preuve de créativité et de mettre tout en œuvre pour que la présentation soit esthétiquement réussie, agréable à regarder et cohérente. Pour cela, il est utile de respecter une charte établie en amont et permettant de cadrer au mieux la ligne graphique à suivre en matière de couleurs, police, caractères, logos et tout autre élément visuel utilisable.

Les supports de présentation doivent être aérés et sans place laissée au superflu. Cependant, les apprenants ne sont jamais contre un peu d’humour au sein d’un cours, d’ailleurs c’est l’un des bons moyens de les maintenir engagés. C’est pourquoi personnellement j’ajoute des touches humoristiques à mes supports, en présentiel ou en distanciel. Mais alors, attention ! Il y a quelques règles à suivre dans ce cas. Premièrement, ne pas en abuser, évidemment, il faut que ce soit utilisé avec parcimonie et quand c’est justifié. Deuxièmement, gare au genre d’humour utilisé, j’espère que vous connaissez les limites à ne pas franchir. Enfin, si vous utilisez des images amusantes, on évitera les images des années 90-2000 ou de mauvaises qualités, pas de personnages ou de formes vieillottes, etc. Effet ringard assuré. Si vous avez le moindre doute, testez vos punchlines ou vos traits d’humour sur d’autres personnes avant…

De manière générale, il est impératif que les apprenants remarquent que leur interlocuteur ne les a pas négligés et a proposé des contenus de qualité. Cette recette améliore grandement leur engagement et, au contraire, ne pas la suivre favorise leur désengagement.

Macha : Hum ! Vaste sujet ! Intéressons-nous à cette autre maladie dont quelques formateurs en distanciel nous ont abreuvé pendant le confinement. D’accord, je suis peut-être un peu caustique là, mais en même temps … Vous ne voyez pas ? Non ? Les indigestions de Slide.

Trop souvent je vois des quantités de PDF hétéroclites et trop fournis en texte en guise de e-learning. Rappelez-vous qu’une formation digitale est comme un spectacle. Si vous ne remportez pas l’intérêt dans les premières minutes, c’est mal parti pour garder notre apprenant engagé dans ses apprentissages.

Comme pour une présentation orale, veillez à avoir une voix off ou voice over qui va raconter (et non lire ou pire ânonner) votre contenu. Au mieux, il s’agit d’acteur à la prononciation parfaite, au pire des collaborateur eux-mêmes. (Attention à la prise de son en ce cas !) De grâce, utilisez un studio mobile et un micro directionnel. Je sais que pour des questions de coûts, certains ont recours à des logiciels de synthèse vocale... Mais leurs résultats ne sont pas encore au rendez-vous et l'effet dérangeant persiste bien plus longtemps que le formateur le souhaiterait, sortant l'apprenant du contexte de sa formation.

Le visuel n’est là que pour souligner par des mots clés, phrases chocs et images/vidéos impactantes, vos propos. Une règle simple à retenir est : pas plus de 15 mots par slide. Si, si! C’est possible!

  • Utiliser du design motion, des animations, des vidéos explainers (pour faire vivre votre texte et vos messages.

  • L'apprentissage immersif par la VR obtient des résultats incroyables en terme de mémorisation mais également en termes de mobilisation des apprentissages. Une bonne piste à explorer.

  • Varier les formats : jeux, vidéo, vidéos interactives, mais surtout, surtout pas le graphisme. Élaborer ce dernier en amont en prenant le soin de mettre au point quelques déclinaisons à exploiter pour moins de monotonie (une quinzaine tout au plus). Avoir une charte graphique et s’y tenir partout va permettre tout de suite à votre formation de monter en qualité. Une petite astuce, pas plus de 3 couleurs, sobres et peu criardes. Il faut éviter les couleurs primaires et les couleurs complémentaires qui fatiguent trop l’œil.




  • La police doit également être lisible facilement. A éviter les écritures cursives, trop petites, ou avec empâtements de lettres, les écritures amusantes type cartoon, sauf si… vous produisez un mini dessin animé bien sûr ! En voici, ci-contre deux exemples criants:

4. Comment rendre un cours humain et vivant ?

Christopher : De nombreuses possibilités s’offrent au formateur qui souhaite rendre son cours plus vivant : les échanges avec le formateur et entre apprenants, les jeux pédagogiques, l’aide personnalisée aux élèves, ou tout simplement les quiz pendant la formation et les feedbacks correspondants, comme j’en parlais plus tôt, toutes ces activités, correctement dispersées dans une session la rendront aussi rythmée que vivante.

Quand on parle de nouvelles technologies en formation, on pense souvent immédiatement à la formation en ligne. Mais en présentiel aussi, les outils numériques peuvent jouer un rôle pertinent. Pour ma part, je ne propose plus de formation présentielle sans y inclure des quiz interactifs pour tester les acquis des apprenants mais aussi pour leur proposer de donner leur avis sur ce qu’ils sont en train de suivre, via des nuages de mots ou encore des sondages. Il m’arrive même parfois de les proposer pour savoir dans quel ordre ils préfèrent aborder les sujets dans la suite de la session, s’ils ont besoin d’une pause cigarette ou encore pour définir l’heure à laquelle ils préfèrent prendre leur pause déjeuner. Il est aussi possible d’utiliser ces outils pour créer des jeux ou des challenges entre apprenants, sur les thèmes de la formation. Ils adorent ça, cela instaure une ambiance chaleureuse propice à l’apprentissage et ça renforce l’esprit de cohésion du groupe. Bref, je n’ai pas peur d’utiliser les outils numériques, en présentiel aussi, pour rendre un cours plus humain et plus vivant, même si ça semble paradoxal a priori.

Toujours dans le domaine de l’humain, jouer avec les émotions de ses apprenants fait aussi partie des outils à disposition du formateur. Le cerveau a tendance à ressentir des émotions avant même d’analyser le fond d’une information. S’il ressent une émotion en tout premier lieu, il se montrera immédiatement beaucoup plus attentif au message qui suit. Voilà une excellente façon de « manipuler » le cerveau de nos apprenants pour mieux les engager. Mais c’est pour la bonne cause !


Macha : Une peur régulière des formateurs est de perdre le côté humain de la formation en digitalisant ces dernières. Or, qui dit distanciel, ne veut pas dire moins humain. Je m'explique: Quand vous lisez un livre sur votre canapé, vous n'avez pas l'impression d'absence d'humanité. Pourtant l'auteur n'est pas physiquement là avec vous. Même chose pour la télévision.

Rien n’est robotisé pour autant en digital learning. Bien au contraire ! En blended learning avec classe inversée, vous aurez réellement plus d’impact en tant que formateur en pouvant aller à l’essentiel, en approfondissant les connaissances, en pouvant faire part de votre expérience ou en accompagnant vos apprenants sur une notion mal comprise.

Tout cela parce que vos formés ont vu la matière avant en distanciel, ont pu se l’approprier, se poser des questions, ou encore vous avez pu percevoir les besoins de tous (et non pas de ceux qui parlent le plus) par les retours faits sur la plateforme d’apprentissage. Faites de votre présence des moments précieux où l'échange et la guidance seront prépondérants et laissez au digital la place qui lui revient (testing et corrections- entraînement - découverte - collaboration à distance - recherches - apprentissages, etc.)

Les murs collaboratifs, les moments d’échanges et de partages en blended ou en visio, la correction par les pairs (avec du vidéo feedback par exemple), les recherches à plusieurs sont autant de moyens de garder ce côté humain. Bref, il s’agit bien souvent là d’un manque d’imagination et de croyances du formateur qu’il convient de renverser.

Les outils digitaux ne sont que ce qu’ils sont, des outils. C’est ce que vous en faites qui compte.

5. Comment adapter au mieux le contenu d’un cours aux profils des apprenants ?

Christopher : Une formation adaptée aux profils des apprenants c’est notamment un parcours qui tient compte de son expérience passée, scolaire ou professionnelle. Selon le contexte, le contenu peut être adapté au groupe d’apprenants, comme il peut l’être à chacun d’entre eux individuellement.

Pour le groupe d’apprenants, le formateur devra toujours, de manière générale, conformer son discours et sa façon de procéder au profil de son auditoire. Dès l’étape de création du parcours de formation, il devra tenir compte de critères comme l’âge moyen des apprenants, leurs besoins, leur rapport à l’enseignement, leurs expériences professionnelles, etc. Bien sûr cela nécessite de bien connaitre son groupe, c’est là toute la difficulté de l’exercice.

En ce qui concerne l’adaptation du cours de manière individuelle, là encore le formateur devra connaitre ses apprenants. Si c’est le cas, il pourra tenter de capter leur engagement en abordant des thèmes qui les intéressent, qui leur sont chers ou qui les concernent tout particulièrement. Lorsqu’on lui parle de lui ou de ce qu’il aime, l’apprenant est tout de suite plus curieux et donc plus engagé.

Alors comment connaître ses apprenants ? De mon point de vue, il est, cette fois, plus facile de procéder dans un format asynchrone à distance, dans lequel un parcours de formation adapté à l’apprenant est plus facilement applicable, puisque finalement chaque apprenant se retrouve face à sa propre version du support de cours sans conséquence sur celui des autres apprenants. En présentiel, il est plus aisé d’adapter son cours lorsque le formateur connait déjà ses apprenants s’il a déjà eu affaire à eux, mais ça n’est pas toujours le cas. Une autre solution, que j’apprécie beaucoup mais qui nécessite de prendre le temps de le faire, consiste à s’entretenir avec chacun des apprenants pendant quelques minutes, en aparté, en tout début de formation. L’occasion de comprendre les raisons de sa présence au cours, ses objectifs, ses expériences, et même ce qui l’intéresse en-dehors du monde professionnel.

Dans tous les cas, pour adapter les cours aux profils des apprenants, on constate que plus nombreux sont les apprenants, plus difficile il sera d’y procéder. Voilà pourquoi en présentiel on évitera d’organiser des sessions à plus de 10 apprenants et pourquoi dans une formation en ligne, on pourra plus aisément répondre à cette exigence.

Macha : Alors cela est une excellente question. Car par principe nous montons une formation bien avant que quelqu’un ne l’essaye. Malgré tout, il faut toujours se poser la question de savoir à qui cette formation s’adresse. Des experts ? Des néophytes ? Devez-vous pratiquer le difficile exercice de la vulgarisation ? Ou au contraire devez-vous enrichir vos formations pour des experts-métier?

Quand nous avons un public hétérogène dans ses connaissances, je pars toujours du principe que chacun doit y trouver son compte.

Ainsi les fondamentum que l’on met en parcours obligé permettront aux débutants de prendre le train en marche, tandis qu’en donnant des ressources facultatives tels que des articles, des reportages, des recherches, ils permettront à ceux dont la soif de connaissances est inextinguible et aux curieux de se satisfaire et de monter en compétences

Il faut savoir maintenant que l’IA permet dans une moindre mesure de pouvoir adapter le contenu en direct en prenant note des réponses fournies et en proposant les contenus adaptés pour la suite du parcours. Bien évidemment c’est une solution chère et peu encore disponible sur le marché.

Mais nous pouvons contourner cela en montant des parcours parallèles avec variable. Idéal quand on crée un serious game dont le scénario évolue au fil des réponses de notre apprenant.



Le mot de la fin :

Depuis le Covid, nous avons assisté à une accélération de la digitalisation des formations, hélas celle-ci n’a pas toujours été bien maîtrisée, ni bien vécue par les formateurs.

Pour cause, peut-être, le côté très figé de la formation elle-même. Selon Daniel Carron membre de la direction du SVEB Schweizerischer Verband für Weiterbildung (Fédération Suisse pour la Formation Continue) : « Les stéréotypes qui voulaient que les formatrices et formateurs «enseignent» et «déversent» leurs savoirs et que les participant.e.s «consomment» la formation en «classes présentielles» volent en éclat. »

Certes, ces changements perturbent, du moins ils interrogent sur le rôle même de formateur qui ajoute à sa fonction première, celle de vidéaste, preneur de son, concepteur pédagogique, scénariste, modérateur, guide et j’en passe.

Mais en plus, ce tsunami questionne sur le rôle même des dispositifs de formation, qui pour la plupart des entreprises sont restés inchangés.

N’oubliez pas que c’est au formateur qu’incombe le rôle d’ôter les obstacles qui entravent l’acte d’apprentissage. Vos formés ne doivent pas avoir l’impression de participer à une course de haies. Facilitez-leur la vie avec des formation intuitives et ergonomiques, dont la prise en main ne nécessite pas un doctorat, ni une explication en début de e-learning.


Posez-vous la question de leur emploi du temps, de leurs contraintes, des déplacements, des voyages professionnels à effectuer avant d’imposer du distanciel ou du présentiel. Réfléchissez à leurs attentes et leurs aspirations.

En conclusion, nous venons d’évoquer quelques points essentiels pour parfaire vos formations. S’il n’en fallait citer qu’un ce serait de ne jamais oublier de mettre votre apprenant au centre de ses apprentissages, ainsi vous aurez la garantie de faire juste dès le premier pas.



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